Du Vert à l'Orange

Une BD que j'ai aimée.

Je n'aime pas les BD.

Celle-là, c'est différent.

Papa n'était pas à Dora, lui, mais à Buchenwald.

C'était pareil !

La même souffrance.

La même faim.

Le même froid.

Les mêmes... les mêmes !

*   *   *

Je suis tombée par hasard sur le site de ce jeune homme qui raconte en BD la déportation de son grand-père.

J'ai offert une BD à mes fils. Robin Walter avait fait ce que j'aurais aimé savoir faire.

J'en viens à une explication sur un précédent article. J'ai énormément de mal à accepter que l'on traite les gens de nazis, lorsqu'ils ne le sont pas, peut-être parce que mon Père a été déporté et torturé par des nazis.

Ce matin, accroché à ma fenêtre, un ange attend de retrouver sa place dans sa boîte en carton.

                              

La neige fait son apparition et le froid cinglant l'accompagne.
Devant ma porte, la lanterne attend !

Elle attend quoi ?

La nuit arrive, la bougie n'est pas là. Il fait si froid, pourquoi l'allumer ?

Mais où est donc passé le petit ange ?

Je cherche, il n'est pas tombé. 
Mais quelle est cette petite voix cristalline qui appelle derrière la porte ?
Allons voir. Mais ! Je rêve ! Une fée ! Non, c'est lui, le petit ange.

Il est là, il me regarde, il me fais signe.

                                             

- "Que fais-tu là ? Tu parles ? Ce n'est pas possible !
- Tu n'as rien oublié ?
- Oublié quoi ?
- Le Passant, celui qui a perdu son chemin, celui qui a froid, celui qui a faim.
  Tu sais qu'aujourd'hui même les églises sont fermées, où ira-t-il s'il se perd
  dans la nuit noire et froide ?"

Le Passant, je n'y pensais plus bien au chaud dans ma couverture.
Les églises, il est vrai qu'il y a bien longtemps qu'elles n'ouvrent plus leur porte, il y a tant de voleurs !
Le Passant, lui, ne demande rien, ne prend rien, il passe et s'en va.
J'entre et je reviens, ma bougie à la main. Le petit ange a disparu. La bougie est allumée, à sa place, dans la lanterne.
                                                                                                                                                  

                                              

La nuit est là. La lumière brille, la poudre d'étoile tombe. Le passant, s'il se perd, trouvera un chemin dans la neige, un endroit où se chauffer et le petit ange, lui, s'endormira dans sa boîte en carton jusqu'au prochain Noël.

Et la bougie brûle de sa plus belle flamme.

                                             

                                        Un livre à découvrir

Aujourd'hui j'ai envie de vous parler d'un livre de Jean-Louis Fournier, que m'a prêté une amie. Lu en quelques heures, salut repassage... Une histoire véridique, racontée par un merveilleux Papa, un Papa, un vrai qui sait nous faire partager des moments pas toujours agréables, difficiles d'une façon si naturelle. La vie, comme elle est en réalité.

                             

J'ai souri, j'ai même ri et puis j'ai eu des pincements au coeur mais que d'Amour et de Tendresse dans ce beau récit.

Comment choisir un extrait ? Pas facile....

"En tant que père de deux enfants handicapés, j'ai été invité à participer à une émission de télévision pour témoigner.
J'ai parlé de mes enfants, j'ai insisté sur le fait qu'ils me faisaient rire souvent avec leurs bêtises et qu'il ne fallait pas les priver les enfants handicapés du luxe de nous faire rire.
Quand un enfant se barbouille en mangeant de la crème au chocolat, tout le monde rit ; si c'est un enfant handicapé, on ne rit pas.....
J'ai regardé l'émission, qui avait été enregistrée.
On avait coupé tout ce qui concernait le rire. La direction avait considéré qu'il fallait penser aux parents.
Ca pouvait les choquer..."

Juste encore un petit...

"Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer Mathieu et Thomas sur le marché du travail.
Mathieu, qui fait souvent "vroum-vroum", pourrait faire chauffeur routier, il traverserait l'Europe à fond la caisse au volant d'un semi-remorque de plusieurs tonnes, avec le pare-brise couvert de nounours".....

Un livre à lire, à faire découvrir, un coup de coeur

         

              LIBERATION DU CAMP DE BUCHENWALD

                             
                                                 Photo rapportée du camp de Buchenwald par mon Père  
                   
                   
                     FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE


Pourquoi le 11 avril 1945 ? Pourquoi Buchenwald ? Parce que mon Père y a été déporté.

Ancien Républicain espagnol. Ancien Résistant en France. Ancien Déporté à Buchenwald.

En recherchant des renseignements je suis tombée sur une lettre de Harry Herder Jr. qui m'a bouleversée, vous savez quand on ne pleure pas mais que les larmes coulent.  J'ai lu des livres, j'ai vu des images mais en lisant cette lettre j'ai mieux compris pourquoi mon Père ne nous a jamais raconté...

Le peu de chose que j'ai su, l'arrestation, Le Pax à Annemasse (prison aménagée dans l'Hôtel Pax) où il a tant été battu que le jour de sa mort il en avait encore un bleu dans le dos.

Puis transfère à Lyon au Fort Montluc et rencontre avec barbie (c'est volontairement que je l'écris avec une minuscule), le "boucher de Lyon". C'est tout, excepté une scène. Vingt ans plus tard, un ami a retrouvé l'adresse de mon Père. Il est passé lui rendre visite et je les revois, l'un dans les bras de l'autre, en pleurs. Et les paroles de cet ami :

- "Je n'oublierai jamais la dernière fois que je t'ai vu à Montluc. Nous nous sommes croisés dans le couloir et en passant près de moi tu m'as dis "Regarde ce qu'ils m'ont fait ces salauds..." et je revois encore les traces de sang que tu laissais derrière toi, ils t'avaient arrachés tous les ongles".

Ensuite, transfert au camp de Compiègne et évacuation direction Buchenwald dans ces wagons à bestiaux.

Pour ceux qui vont me dire "il y a plus de 60 ans" je répondrai, écoutez cette magnifique chanson de M. Jean Ferrat "Nuit et Brouillard".

                   

Cette chanson dédiée aux victimes des camps d'exterminations nazis de toutes appartenances politiques, toutes religions, toutes origines ne peut que m'émouvoir.

Ensuite, le retour avec une vue différente sur la vie, très différente. Après le camp, il a passé quelque temps à l'Hôtel de la Poste de Saint Jorioz, transformé en Centre de Repos. Je me demande si beaucoup sont encore parmis nous de ceux qui l'entouraient.

                        

                                        Si quelqu'un se reconnait, ou si vous reconnaissez une personne, contactez-moi.


Il y a une chose dont je me souviens : "les premiers arrivés dans les camps étaient des allemands, il ne faut pas confondre l'allemand et le nazi" et il ne les confondait pas ! Moi non plus !